La réhabilitation de la culture du café est plus que nécessaire. Le Gouvernement y tient mordicus. Les preuves ont été fournies mardi 10 octobre 2023 par le Ministre de l’environnement, de l’agriculture et de l’élevage au cours de la séance des questions orales avec débat formulées à la suite du rapport d’analyse du rapport d’audit de capacité de gestion budgétaire du ministère de l’environnement, de l’agriculture et de l’élevage réalisé par la Cour des comptes pour la période de 2019-2020 à 2022-2023.
Monsieur Prosper Dodiko qui a attaqué le taureau par les cornes a démontré que deux raisons majeures ont poussé la population à se désintéresser petit à petit de la culture du café qui est “autoritaire”. Le café ne tolère pas la cohabitation avec d’autres cultures. Or, la démographie galopante a entraîné le phénomène de l’exiguïté des terres arables. La population a alors opté pour les cultures vivrières dont la durée de végétation est moindre par rapport au café qui arrive à maturité à trois ans.
Les efforts fournis pour l’entretien du café ne sont pas du tout proportionnels au prix du kilogramme du café cerise qui s’évalue à 900BIF.
Ce prix modique est peut-être biaisé, a douté le membre du Gouvernement qui jette le tort aux intermédiaires entre le producteur et l’acheteur. Dorénavant le Burundi aura directement accès au marché par le biais des ambassades qui érigeront dans leurs enceintes des points de vente où seront étalés les produits locaux.
Une autre raison et non des moindres est l’absence du moniteur agricole qui a été frappé de deux coups. Le moniteur agricole qui se déplaçait à moto toujours pleine de carburant semait la panique aux marginaux. Mais aujourd’hui, non seulement il manque d’outils mais aussi il n’a plus d’autorité sur les paysans. Ce handicap s’étend aussi aux cultures vivrières dont les fertilisants étaient subventionnés contrairement au café.
Concernant le défi lié à l’exiguïté des terres arables, la villagisation, qui sollicite le concours de tout un chacun, y remédierait. Les terres domaniales qui nécessitent un agrandissement devraient être dégagées pour servir de modèle en matière agro-pastorale.
Face à une population qui se désintéressait de la culture du café, le Gouvernement a opté à la privatisation du secteur, ce qui a plutôt empiré la situation. Non seulement le prix du café n’a pas changé mais aussi le repiquage s’effectuait en désordre. Les caféicultures se focalisaient sur la vente au lieu de se concentrer sur la préparation du premier maillon de production, c’est -à-dire les pépinières et tout ce dont la culture a besoin. Aujourd’hui le Gouvernement a repris les choses en main. Les Sogestals (société de gestion et de lavage du café) ont été supprimées pour former l’Odeca. Les Sogestals qui se traînaient avec les dettes des caféiculteurs seront traduits en justice. Le ministère de tutelle aurait déjà adressé une correspondance y relative au procureur général de la République. Dans le but de maximiser la production du café, des blocs industriels de café avec son corollaire de paquet technologique seront installés dans chaque province.
A côté du café, du thé et du coton, le pays a déjà introduit d’autres cultures commerciales comme la vanille, le moringa, le macadamia et surtout le millet qui résiste au soleil.
Par ailleurs, a poursuivi l’envoyé du Gouvernement, la réforme vise aussi les fertilisants et les semences sélectionnées dont les portes sont désormais ouvertes. Alors que le FOMI se tapait le monopole en matière de fertilisants agricoles, tout le monde qui serait à la hauteur est invité à apporter sa pierre à cet édifice. Le sol change de structure au fil du temps, les fertilisants doivent aussi entrer dans cette dynamique de changement. L’apport de l’ISABU sera renforcé au cours de cette réforme. En plus de son implication en matière de recherche, l’ISABU est aussi appelé à encadrer les privés dans la chaîne de fabrication des semences. A la base se trouve l’ISABU suivi à la 2ème étape par les entreprises semencières et enfin les multiplicateurs de semences. Les anciens centres semenciers seront réhabilités. Tout le monde est appelé à doubler de vigilance du moment où les OGM sont en circulation. Tout le monde, s’est-il réjoui, vante la saveur des produits vivriers locaux.
Nouvellement nommé dans ses nouvelles fonctions, le Ministre Prosper Dodiko qui a épaté plus d’un député par ses réponses précises a été complimenté par le président de la séance. Ouverts par le Président de l’Assemblée nationale, les travaux du jour ont été par la suite conduits par le premier Vice-Président de l’Assemblée nationale. L’Honorable Sabine Ntakarutimana a encouragé l’envoyé du Gouvernement de traduire sa litanie en actes.
Le taux global d’exécution du budget par rapport au crédit voté est de 162,8% en 2019-2020, 88,5% en 2020-2021 et 163,8% en 2021-2022, a révélé la commission permanente des comptes publics et des finances, des affaires économiques et de la planification qui a été saisie au fond.
Au vue de ces taux d’exécution, il s’observe qu’il y a eu des transferts pendant l’exécution du budget supérieurs à 10% prévus par l’article 65 du règlement général de gestion des budgets publics. Cette situation signifie que les crédits autorisés au niveau de la loi des finances 2019-2020 et 2021-2022 étaient sous-estimés, a-t-elle conclu.