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Descente de la Commission de l’Education, de la Jeunesse, des Sports et Loisirs, de la Culture et de la Communication

publie le mardi 13 décembre 2016
parChristine Nahimana

Le nouveau système d’enseignement supérieur qui s’étend sur trois ans au lieu de quatre est en principe bon mais les autorités universitaires et les étudiants eux-mêmes ne s’en sont pas encore appropriés.

C’est le constat fait par les Honorables Députés de la Commission de l’Education, de la Jeunesse, des Sports et Loisirs, de la Culture et de la Communication au terme de leur descente en Mairie de Bujumbura, à Gitega et à Mwaro du 07 au 09 décembre 2016. A côté de l’Institut National de Santé Publique (INSP), l’Institut Supérieur de Gestion des Entreprises (ISGE) et l’Université du Burundi, les Honorables Députés ont également visité l’Université de Mwaro et l’Université Polytechnique de Gitega (UPG).

Les Honorables Députés s’entretiennent avec le Recteur de l’UPG

L’assimilation des cours en peu de temps, l’apprentissage centré sur l’étudiant et le sens de professionnalisme sur le milieu de travail, tels sont les facteurs essentiels qui militent en faveur du « processus de Bologne » dit LMD (Licence-Master-Doctorat) que le Burundi applique dans le système dit BMD (Bachelier-Master-Doctorat).

Cependant, le manque des mesures d’accompagnement du nouveau système se fait remarquer. En effet, les professeurs recourent encore aux anciennes préparations. Le programme d’enseignement n’est pas non plus harmonisé. La notion du développement de la recherche s’est rabaissée tandis que le temps imparti aux stages a été sensiblement réduit pour l’enseignement à vocation sanitaire. Le matériel n’est pas non plus adapté au nouveau système. En principe, comme l’enseignement est centré sur l’étudiant, les professeurs jugent que ce dernier devrait avoir au moins un ordinateur à sa disposition, ce qui n’est pas toujours le cas. La connexion existe mais un aspect particulier caractérise l’Université Polytechnique de Gitega qui offre gratuitement à chaque étudiant une connexion à hauteur d’un gigabyte par mois pour faciliter son accès à l’internet une fois qu’il serait à la maison.

Un autre défi qui a été relevé par les différentes institutions universitaires est le manque d’informations. Au moment où certains courent avec le temps pour se conformer à l’ordonnance ministérielle qui exige que tous les mémoires soient présentés au plus tard le 31 décembre 2016 pour les étudiants inscrits au cours de l’ancien système, d’autres ne connaissent même pas l’existence de cette ordonnance.

D’autres encore pensent que la mesure ne peut même pas les toucher, avec les étudiants dont les études sont en cours, comme ceux qui sont encore en stage, notamment ceux qui suivent une carrière médicale. Même à l’Université du Burundi, l’unique université de référence au pays, non seulement cette ordonnance n’est pas connue mais aussi elle ne peut pas y être appliquée à cause du décalage des années académiques.

Un autre point qui illustre ce manque d’informations dans les institutions universitaires concerne les enseignants pour lesquels il est interdit l’enseignement supérieur du programme du soir. Vrai ou faux ? les autorités académiques à l’Université Polytechnique de Gitega n’en savent pas grand-chose.

Si réellement l’ordonnance existe, ces autorités conseillent de l’annuler. Comme le Burundi fait partie de la Communauté Est Africaine et que les Burundais sont appelés à conquérir sur le même marché de travail, il ne faut pas dresser au pays des barrières sur le parcours académique, ont-ils déclarer avant de démontrer l’utilité de l’enseignement supérieur privé en citant le cas de l’Université de Mwaro qui a été premier dans le classement des institutions universitaires public et privé qui s’est basé sur huit critères.

La mesure du crédit-bourse est un autre cas qui rend perplexe les autorités académiques, parce qu’ils ne savent pas quoi répondre aux sollicitations des étudiants.

Certificat de Formation Pédagogique

Par ailleurs, l’Université du Burundi a raison de se féliciter d’avoir mis fin aux grèves répétitives. Le prétexte de bourses d’étude qui arrivait retardivement a été en effet résolu. Dorénavant le processus d’obtention de bourses d’études est déclenché deux mois à l’avance. Même la réforme qui a nourri la dernière grève en date a été accompagnée par d’autres mesures. Ainsi, les étudiants de la Faculté des Lettres dont certains cours ont été supprimés avec le nouveau système bénéficient d’une formation pédagogique. De ce fait, ils sont en conformité avec la reforme qui exige d’abord une qualification pédagogique à tout enseignant.

Sachez que comparativement aux trois dernières années, le nombre d’étudiants qui se font enrôlés aux cours va régressant dans toutes les institutions d’enseignement universitaire visitées. Mais les explications des causes sont partagées.

L’INSP qui prélève les bourses d’étudiants à ses frais de fonctionnement se voit dans l’obligation de réduire l’effectif des lauréats alors qu’il enregistre beaucoup de demandes. Il ne comprend pas pourquoi les étudiants de l’INSP ne bénéficient pas des avantages accordés par le Département des Bourses et Stages alors qu’ils sont au même pied d’égalité que ceux fréquentant les autres institutions universitaires.

Par contre, à l’Université du Burundi, c’est la pauvreté qui expliquerait le non engouement des lauréats du secondaire. Il est difficile, voire impossible, à un fils ou fille de paysan qui n’a pas de parenté à Bujumbura de se faire vivre avec les 31.000 FBU perçus chaque mois comme bourses. Cet aspect de la pauvreté a également été évoqué à l’Université Polytechnique de Gitega qui peut clôturer une année académique sans que tous les étudiants aient versé la totalité des frais de cours.

La prolifération des universités privées est un autre facteur important qui expliquerait la réduction de l’effectif des étudiants dans les différentes salles de cours.

 
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