La planification devrait être un mot d’ordre au ministère en charge de l’environnement, de l’agriculture et de l’élevage, a conseillé le Président de l’Assemblée nationale. Le Très Honorable Gelase Daniel Ndabirabe réagissait le jeudi 27 février 2025 à une restitution du rapport de la commission permanente ayant l’agriculture dans ses attributions d’une descente effectuée dans les différentes provinces du pays pour se rendre compte de l’état des lieux des stocks de maïs et de riz collectés en 2024, leur commercialisation par ANAGESSA, ainsi que la préparation de la campagne de collecte du maïs produit durant les saisons culturales 2024 C et 2025 A.
Si on en croit les propos de l’Honorable Jocky Chantal Nkurunziza, Présidente de cette commission, la récolte du maïs a été́ tellement abondante que les hangars prévus ont été́ dépassés à telle enseigne que l’on a dû faire recours à des salles de classes pour les stocks. Au moment où les insectes ravageurs rongent les grains de maïs à grande échelle, certaines localités dont Bururi, Mugamba et Mwaro enregistrent un manque criant de grains de maïs.
Les Députés en séance plénière ont été indignés, soulignant que c’est scandaleux que l’ANAGESSA brille par une passivité maladive face à la pourriture des grains de maïs dans les différents stocks disséminés dans le pays. Ils ont saisi une occasion pour suggérer que le Gouvernement devrait, dans l’urgence, s’entretenir avec le PAM qui importe le maïs pour approvisionner les cantines scolaires, pour que cette agence des Nations Unies achète le produit ici même au pays. Et d’ajouter que les écoles à régime d’internat ont du mal à nourrir les élèves si bien que certains jeunes abandonnent le banc de l’école. Aussi ont-ils proposé que le maïs en stock soit distribué dans les camps de réfugiés implantés au Burundi suite à l’insécurité́ prévalant à l’Est de la RDC.
Le Ministre en charge de l’environnement, de l’agriculture et de l’élevage, Monsieur Prosper DODIKO, a plaidé pour l’ANAGESSA dont la mission est d’acheter la récolte pour la reverser au marché durant la période de soudure en vue de stabiliser les prix. Justement à ce propos, les Honorables Députés doutent de la valeur ajoutée de l’ANAGESSA qui ne transforme pas les grains de maïs en farine dont la conservation est d’ailleurs aisée. Et de demander s’il n’existe pas d’autres produits issus du grain de maïs. Pour Madame Marie Chantal Nijimbere, Ministre en charge du commerce, du transport, de l’industrie et du tourisme, les autres dérivés du grain de maïs sont entre autres une boisson alcoolisée et une alimentation pour le bétail.
Si les stocks restent remplis au point de s’infester, le Ministre de l’environnement, de l’agriculture et de l’élevage, Monsieur Prosper DODIKO, donne deux raisons. L’une est relative aux sacs. En effet, les sacs pour la conservation, n’étant pas hermétiquement fermés, laissent passer de l’air qui favorise la prolifération des insectes ravageurs. L’action des rats n’est pas non plus à négliger. L’autre est liée au prix de vente. En effet, la culture en bloc, avec à son actif l’accès aux semences sélectionnées et aux fertilisants, a produit des effets extraordinaires. La production qui a été très abondante, devrait profiter aux producteurs. Le prix par kilogramme ne devrait pas être en dessous de 2.000 BIF.
Selon le Président de l’Assemblée nationale, le Très Honorable Gelase Daniel Ndabirabe, le nœud de cette situation est le manque de planification. Le ministère en charge de l’agriculture n’a pas tenu compte de la régionalisation des cultures et de la notion de sécurité́ alimentaire. Ce manquement prouve que le ministère en charge de l’environnement, de l’agriculture et de l’élevage ne collabore pas avec le ministère en charge du commerce, du transport, de l’industrie et du tourisme. Ces deux ministères n’échangent pas les informations. Une région est affamée alors qu’une autre possède des stocks pleins à craquer. Quant à la fixation du prix, la tâche n’incombe pas au Gouvernement qui, en principe, ne produit pas mais accompagne seulement les producteurs. Quand surgissent des aléas climatiques, le Gouvernement intervient pour réguler les prix. Les producteurs doivent être plutôt associés dans la proposition des prix. A côté de cette consultation du vrai producteur, le ministère en charge de l’environnement, de l’agriculture et de l’élevage devrait dorénavant présenter devant l’Assemblée nationale la planification en matière d’agropastoralisme.
Pour le ministre en charge de l’environnement, de l’agriculture et de l’élevage, le constat est que c’est la première fois au Burundi que la production est imminente alors que la récolte précédente n’est pas encore épuisée.
Selon lui, les chiffres peuvent faire un sujet de débats car ils peuvent ne pas refléter la réalité. En effet, a-t-il expliqué, il existe trois différentes catégories d’agriculteurs. Les magnats qui disposent de tout, les moyens qui manquent soit de semences, soit de fertilisants, et enfin les démunis qui n’espèrent même pas de récolte. Mais il donne un espoir qu’une planification pointe déjà à l’horizon avec l’acquisition prochaine des tablettes ayant servi pendant le recensement général de la population, de l’habitat et de l’agriculture. Dans ces outils de travail, les propriétaires de grands domaines mesurant au moins un hectare figurent déjà dans la base de données. Et d’ajouter que les parlementaires, ceux-là mêmes qui votent le budget, se sont aperçus de la réalité sur terrain. Il espère que ces représentants du peuple vont donc en tenir compte lors de l’analyse de la loi de finances. Il est d’avis des députés que les hangars qui répondent aux normes requises et les unités de transformation sont plus que nécessaires. Celles-ci permettraient de tenir tête aux commerçants qui usent de la spéculation à outrance.