Conformément à la loi qui régit l’Institution de l’Ombudsman, en son article 17, alinéa 1, l’Ombudsman de la République soumet chaque année un rapport de ses activités au Président de la République, à l’Assemblée nationale et au Sénat. Par conséquent, ce lundi 17 février 2025, l’actuel Ombudsman Burundais, Aimée Laurentine Kanyana était conviée à l’Assemblée nationale pour présenter son rapport annuel sur les activités menées durant l’année 2024.
Lors de sa présentation, elle a indiqué qu’un accent particulier a été mis sur la médiation de proximité, dont la pratique permet, à terme, l’appropriation par les populations de ce précieux instrument institutionnel de règlement alternatif des conflits. Durant l’année 2024, l’Institution de l’Ombudsman a reçu 525 dossiers de réclamation, comptant 1 462 plaignants dont 744 Femmes et 718 Hommes, un seul dossier pouvant concerner beaucoup de plaignants.
Parmi ces dossiers, 359 ont été jugés recevables tandis que 166 étaient irrecevables. Aux dossiers recevables, s’ajoutent 98 dossiers reportés de 2023 portant le total à 457 dossiers dont 427 clôturés, soit un taux de 93.43%. Actuellement, seuls 30 dossiers restent en cours de traitement. La baisse du nombre des réclamations passant de 1101 en 2023 à 525 en 2024, s’explique par les démarches de proximité entreprises par l’Ombudsman et les plus hautes autorités du pays.
Concernant la prévention et la gestion des conflits, le rapport indique que l’Institution de l’Ombudsman a suivi une orientation claire et déterminée visant à aller régulièrement à la rencontre de la population pour s’enquérir de ses besoins réels et recueillir des doléances afin d’y apporter des réponses appropriées. Dans cette perspective, des descentes sur terrain et des émissions publiques ont été organisées pour mieux atteindre ce noble objectif.
Madame Kanyana a souligné l’importance de promouvoir la culture du dialogue entre les différentes couches de la population. Elle a insisté sur la nécessité d’apprendre à gérer les conflits par le dialogue plutôt que par la force ou la violence. Dans le cadre de la sensibilisation, des ateliers ont été organisés pour mettre en œuvre les stratégies visant à informer les acteurs sur la cohésion sociale et l’établissement d’une paix durable. Par ailleurs, de nombreuses activités ont été menées tant au niveau national qu’international afin d’améliorer la collaboration et la coopération.
Lors de sa présentation, l’Ombudsman Burundais a partagé les ambitions futures de son Institution. Se basant sur son expérience au sein de l’institution, elle a également émis quelques recommandations :
– Prendre systématiquement en compte les recommandations de l’Ombudsman aux autorités publiques, d’une manière transparente et dans des délais acceptables pour que les services de l’Ombudsman conservent la confiance du public ;
– Poursuivre la démarche de proximité préconisée par Son Excellence Monsieur le Président de la République et mise en œuvre par toutes les Institutions de la République, qui a eu un impact positif sur le nombre de plaintes soumises à l’Institution de l’Ombudsman ;
– Instaurer en urgence des mécanismes de contrôle des admissions dans les maisons de détention, ainsi qu’une analyse régulière de la situation des détenus, afin de proposer des mesures appropriées en faveur de chacun, selon son statut ;
– Mettre en œuvre des mesures de lutte contre la fraude et les spéculations sur différents produits, en instaurant un contrôle très rigoureux pour décourager certains cadres de l’Etat qui en profitent pour satisfaire leurs intérêts personnels ;
– Renforcer les capacités aux nouvelles autorités issues des élections de 2025 afin qu’elles remplissent leurs fonctions pour le bénéfice des citoyens de manière rapide, efficace, honnête, accessible et transparente. Cela constitue aspect important des principes généraux tels que l’Etat de droit, les droits de l’homme et la bonne gouvernance ;
– Renforcer les mécanismes de contrôle et de sanction afin que l’exercice de la liberté d’expression ne nuise pas aux autres, en particulier à leur réputation et à leur intégrité.
En conclusion, l’Institution de l’Ombudsman s’est réjoui des progrès réalisés en 2024, avec une réussite dépassant 90%, et elle nourrit l’espoir que l’année 2025 comblera les lacunes pour atteindre l’ultime marche de l’échelle.
Le Président de l’Assemblée Nationale, Très Honorable Gelase Daniel Ndabirabe a précisé que l’institution de l’Ombudsman ne fait pas partie des trois pouvoirs au Burundi, soulignant qu’elle n’appartient ni à l’exécutif, ni au législatif, ni au judiciaire, mais qu’elle opère dans des limites bien définies. « Nous avons reçu le rapport et nous avons estimé qu’il y a encore beaucoup à faire pour changer les mentalités afin de pouvoir avancer en termes de progrès social », a-t-il conclu.