Le Royaume du Burundi, fondé probablement au XVII e siècle, est devenu nominalement une composante de l’Afrique orientale allemande en 1890.
En 1916, pendant la Première Guerre mondiale, les troupes belges débarquent dans la région. Au sortir de la guerre, l’Allemagne perd toutes ses colonies et, lors de la conférence de Versailles en 1919, le royaume de Belgique obtient un mandat sur la province du Ruanda-Urundi, constituée des Rwanda et Burundi actuels, mandat renouvelé par la Société des nations en 1923.
Les royaumes bordant la rive orientale du Tanganyika sont, quant à eux, attribués au protectorat du Tanganyika administré par le Royaume-Uni. La Belgique administre le territoire de manière indirecte, en s’appuyant sur l’aristocratie tutsi.
Après la Seconde Guerre mondiale, le Ruanda-Urundi devient un territoire sous tutelle de l’Organisation des nations unies sous autorité administrative belge.
Plusieurs crimes contre l’humanité et atrocités sans nom ont été commis de manière délibérée sous la colonisation belge. Ces crimes constituent des bavures et sont le résultat direct du type d’exploitation auquel le peuple burundais était soumis sous le Roi Leopold II pour permettre à lui de satisfaire ses appétits économiques. La monstruosité coloniale au-delà ses descriptions terrifiantes qui date de plus de soixante ans, suscite aujourd’hui, une réflexion sur une forme de réparation par la génération contemporaine belge.
Que la confiance puisse renaître entre le Burundi et la Belgique, telle est l’attente ultime du Président de l’Assemblée nationale du Burundi au terme des échanges sur le passé colonial qu’une délégation parlementaire belge a entamé avec leurs collègues burundais le mardi 06 septembre 2022. La prise de contact à laquelle a pris part le bureau de l’Assemblée nationale et les présidents des commissions permanentes, s’est déroulée au Palais des congrès de Kigobe.
Dans son mot introductif, le président de cette délégation de parlementaires belges sur le passé colonial qui a exprimé les regrets du roi des belges, s’est réjoui du pas de géant enregistré par la Belgique. 60 ans après l’indépendance du Burundi, monsieur Wouter De Vriendt a avancé que la Belgique moderne a entamé un exercice de mémoire autour de trois volets. Et d’énumérer l’historique ; la reconnaissance, réconciliation, réparation et l’étape des travaux d’audition. Tout en reconnaissance la difficulté du travail suite au manque de manuel, il a quand même recadré le processus et la méthodologie à suivre, c’est -à-dire le respect mutuel dans une attitude d’accueil ; l’inclusion et la participation, ainsi que la transparence. Issue de la pression de quelques groupes politiques, cette gymnastique dont les conclusions seront publiées à la fin de cette année se poursuivront par des débats politiques sur des thèmes variés dont le rôle et la responsabilité de l’Etat, de l’église et des entreprises, la gestion des métisses et la visibilité du passé colonial.
Le Très Honorable Président de l’Assemblée nationale qui a d’abord qualifié de mémorable la journée de mardi 06 septembre 2022 où pour la première fois dans l’histoire du Burundi les colons et les colonisés s’assoient autour d’une table pour évaluer sans faux-fuyants les faits et conséquences de ce système d’administration. Le bilan est sombre, a tranché le Très Honorable Gelase Daniel Ndabirabe qui a jeté tout le mal burundais à la colonisation n’a pas mâché les mots : « Les Barundi ont été perturbé par des hommes venus de nulle part avec des armes à feu et des chapelets à la main. Les Belges ont déshumanisé les Barundi. Vous nous avez pillé nos richesses, violé nos femmes. Vous nous avez tué, dégradé, ravalé au nom des êtres sans foi ni loi ».
Tout en avouant que la colonisation a terni l’image de la Belgique avec des violations des plus inhumaines, le chef de la délégation a quand même souligné que tout n’est pas négatif. Même si les relations bilatérales connaissent des hauts et des bas, la Belgique n’a jamais abandonné le Burundi. Et de citer les trois secteurs clés en matière de coopération à savoir l’éducation, l’agriculture et la santé.
Le Numéro Deux Burundais a contre-attaqué en évoquant que l’école a créé des néocolonialistes, ce qui est aussi mauvais. Il a aussi jugé que l’écoute est une technique qui s’applique à un malade. Dans le cas d’espèce, qui est malade ? Votre partie ? Notre partie ? Qui écoute qui ? a-t-il interrogé en soulignant que ce n’est pas une exigence. Pour lui, le bourreau dicte au lieu de se repentir et d’utiliser une technique beaucoup plus réconciliatrice. Sinon, écouter n’est pas un art d’égal à égal.
Par ailleurs, le Président de la Chambre basse du Parlement burundais a déploré la non-participation de la Belgique en matière d’appui à la CVR. Fort heureusement, les Barundi ont pris la ferme résolution de compter sur leur propre force.
En somme, ” l’avenir de ce travail dépendra de votre volonté et la nôtre aussi à vouloir accorder nos violons”, a conditionné le Très Honorable Gelase Daniel Ndabirabe, Président de l’Assemblée nationale.