Mise en place en décembre 2014, en vertu des Accords de paix d’Arusha (2000) avec la mission de se pencher sur la vérité pour réconcilier les burundais, et ce en tirant au clair la réalité des conflits interethniques ayant meurtri le Burundi depuis son indépendance de la Belgique, le 1er juillet 1962, jusqu’à la signature d’un cessez-le-feu avec le dernier groupe rebelle, le 4 décembre 2008, la Commission Vérité et Réconciliation (CVR) continue sa besogne dans tout le pays.
En date du 26 février 2022, les Présidents de l’Assemblée nationale et du Senat ont participé aux cérémonies de clôture temporaire des activités d’exhumation des restes humains par cette Commission en Province de Bujumbura. Ces cérémonies ont débuté par une messe œcuménique en mémoire des victimes du génocide commis contre les Bahutu du Burundi en 1972-1973 à Mugongo-Manga.
Ces hauts cadres parlementaires ont ensuite effectué une visite guidée à une tranchée de 87 mètres de longueur située près d’ECOFO Gitwe où la CVR a exhumé 1562 restes humains horriblement assassinés lors de ces tragiques événements. Le Président de la CVR a qualifié telle découverte d’ « une vérité face à la réalité » cachée pendant 50 ans.
Tour à tour, tous les différents locuteurs ont évoqué que ce qui s’est passé à cet endroit n’est pas seulement affreux mais aussi inhumain. Les survivants ont révélé que les personnes qui ont été jetées dans cette tranchée n’étaient d’autres que les hutu qui étaient capturés à travers les villages et mis au cachot du bureau communal de Mugongo-Manga.
Certaines victimes provenaient de la province Mwaro alors que d’autres fuyaient la capitale commerciale pour se réfugier à l’intérieur du pays. Partout sur les routes, il y’avaient des barrières et c’est là où elles étaient interceptées et acheminées par la suite au bureau communal sur la colline Rutambiro en zone Kankima.
Les nouveaux venus tuaient les anciens, et le même cycle se répétait en continu. Elles étaient tuées à l’aide des objets en métal, des houes usées et des bambous extra-pointus. Les témoins disent que les cadavres étaient alors jetés dans cette tranchée de 87 mètres qui se situe en dessous de l’ex bureau communal.
Etonnamment, les commissaires de cette commission évoquent que cette tranchée était jusqu’alors à l’insu de jeunes de cette localité de Mugongo-Manga et sont stupéfaits de cette vérité. D’aucuns ne s’imaginent qu’autant de gens ont été tués et jetés là-bas.
Il sied de rappeler que le bureau communal a été ensuite délocalisé comme tant d’autres d’ailleurs partout où se passait les atrocités du genre.
Le Président du Sénat, Hon. Emmanuel Sinzohagera, élu dans cette circonscription, se réjouit du travail qu’accomplit la CVR en éclatant la vérité au grand jour ce qui conduira le pays à la réconciliation. Il interpelle les burundais à accepter cette histoire tragique qu’a connu le pays et à s’unir pour dénoncer ces actes. “Ce n’est pas un groupe ethnique qui tue mais de mauvais dirigeants.”
Il n’y avait aucune raison de faire des actes ignobles comme ceux-là, dixit le Président de l’Assemblée nationale en demandant pardon à Dieu pour les burundais. Il a exhorté les auteurs de ces crimes à demander pardon sinon ils seront traduits devant la justice et ceux qui ont perdus les leurs à donner le pardon. Ceci est le seul moyen de bâtir un Burundi nouveau et paisible, a-t-il déclaré.
Le Très Hon. Gelase Daniel Ndabirabe a encouragé la CVR et a réitéré le soutien indéfectible de l’Assemblée nationale envers la CVR. Il a également invité les hautes autorités à faire le nécessaire pour que le rapport de cette commission présenté devant le parlement burundais le 20 décembre 2021 soit vulgarisé sur le plan international afin qu’il soit reconnu et qu’une telle tragédie ne se reproduise plus.
Pour clore ces activités, la CVR a-t-elle procédé au rituel de levée de deuil en octroyant un verre que le public s’est partagé dans une ambiance bon enfant.