A la 25ème semaine de 2016, le District Sanitaire de Gashoho (Muyinga) a déjà enregistré plus de 143.000 cas de paludisme avec 62 cas de décès constatés dans les structures sanitaires. Les malades de la malaria en avril 2015 étaient évalués autour de 32.000 et en avril 2016, l’effectif a atteint 110.000 pour la province de Gitega. Au district Sanitaire de Kayanza, au cours de ces mêmes périodes, les chiffres sont passés de 5.000 à 12.500 cas.
C’est ce qui ressort du rapport de la descente effectuée par les Honorables Députés de la Commission des Affaires Sociales, du Genre, du Rapatriement, de l’Egalité des Chances et de la Lutte contre le Sida en rapport avec l’analyse de l’évolution de l’éradication du paludisme, dont la restitution a eu lieu au cours de la séance plénière de jeudi 28 juillet 2016.
Au regard de ces effectifs, pourquoi le Gouvernement n’a pas déclaré l’épidémie de la malaria ? se sont interrogés les Honorables Députés. Au moins, les paludéens auraient profité de la gratuité des soins, ce qui aurait comprimé les cas de décès, ont-ils renchéri. Même si la descente rapporte que l’effectif des morts n’est pas élevé, ils ont fait remarquer que les chiffres de ceux qui crépissent à la maison pourraient être significatifs quand on sait la paupérisation dans laquelle vivent les campagnards. Qui pis est, la population croit beaucoup à la sorcellerie, ont-ils démontré en expliquant que, le même rapport mentionne que le service pédiatrique de l’Hôpital de Kibimba (Gitega) a enregistré en janvier et février 2016 respectivement 88.5 et 95.4 % de paludéens alors que les soins sont gratuits pour cette tranche d’âge.

En tentant d’apporter des éléments de réponses, les Membres de la Commission qui a mené l’enquête ont expliqué que le ministère en charge de la santé publique aurait préféré parler de flambée de la malaria à la place de l’épidémie de la malaria, ce qui aurait occasionné beaucoup de dépenses pour les structures sanitaires. Mais quand même, le ministère a fait de son mieux par exemple en apprêtant certains locaux et en achetant des matelas supplémentaires pour accueillir les malades.
S’il faut comprimer les coûts, certains Représentants du peuple ont conseillé le Gouvernement d’aller puiser l’expérience au Brésil, pays qui a été frappé par la malaria mais qui a éradiqué la maladie grâce à la culture d’une catégorie de moustiques qui tuent les moustiques, vecteurs de la malaria. Seulement, il faudra être vigilant pour que cette culture ne soit pas à l’origine de la fièvre ZIKA, ont-ils nuancé.
Par ailleurs, les Honorables Députés ont prôné la gratuité de la quinine comme cela se fait pour l’artésunate et l’amodiaquine, surtout qu’il s’est avéré que l’association de ces deux médicaments traite seulement l’infection à plasmodium falciparum mais demeure inefficace pour les autres espèces de la malaria (ovalé, malarien et vivax).

Etant donné que les symptômes de la malaria sont presque semblables à ceux de la fièvre typhoïde, les Représentants du peuple ont proposé de diagnostiquer à la fois les deux maladies. Etant donné que la population est pauvre, le mieux pour elle serait de recourir au système de référence contre référence qui est un mode de mutualité efficace pour cette catégorie de personnes, ont conseillé les Honorables Députés. Ils ont aussi décrié l’existence des chambres de prière qui freinent les malades aux consultations médicales à l’instar de la sorcellerie. Toutes les structures de santé devraient également soigner les malades en possession de la CAM (Carte d’Assurance Maladie), ont-ils souhaité. Néanmoins, ils ont condamné la rupture de stock de ces CAM, ce qui constitue, selon eux, un manquement grave de la part du ministère de tutelle.
Signalons que les Honorables Députés sont restés sur leur soif au terme de la restitution du rapport de cette descente qui s’est effectuée en dates des 6,7 et 8 juillet 2016. Pour ce, le Président de l’Assemblée Nationale leur a promis d’inviter dans un proche avenir les ministres concernés au cours d’une séance de questions orales avec débats.