« Si le prêt est utilisé à bon escient, il est une voie sûre qui mène au développement. Dans le cas contraire, il conduit le pays au gouffre. » C’est la conclusion tirée en marge du deuxième forum organisé par la Banque Africaine de Développement via l’Institut Africain de Développement. La restitution du rapport de cette mission de service a été l’objet de la séance plénière du mardi 16 septembre 2025.
Tenu à Accra, au Ghana, du 28 juin au 5 juillet 2025, sous le thème « Point final sur la gestion de la dette publique dans les États en transition », ce forum, qui a réuni une vingtaine de pays africains, avait pour objectif de renforcer les capacités de négociation des prêts et de restructuration de la dette dans les États en transition de l’Afrique.
Selon l’Honorable Rédempteur Gahitira, au cours des développements, il a été dégagé cinq causes profondes du surendettement. Outre l’instabilité monétaire, la mauvaise planification et l’exécution budgétaire, les autres défis de taille sont le manque de transparence et l’indiscipline budgétaire, la dépréciation et la volatilité de la monnaie locale, ainsi que le faible niveau des réserves en devises.
Côté créanciers, il a été constaté qu’ils exigent des conditionnalités aussi multiples que variées. En outre, les taux d’intérêt sont élevés, y compris les cautions lourdes.
Pour contrecarrer ces défis, il a été souhaité d’instaurer un cadre juridique à l’instar des meilleures pratiques internationales et un comité technique de négociateurs. En outre, l’analyse de la viabilité de la dette et le plan d’emprunt annuel revêtent une utilité. Par ailleurs, il a aussi été proposé de mettre sur pied une plateforme de gestionnaires de la dette, de restructurer les accords de prêt, et de privilégier davantage la dette intérieure que la dette extérieure.
Plus d’un intervenant a sollicité le renforcement des capacités en matière de mobilisation de ressources. À titre exemplatif, l’objectif majeur de la négociation est de susciter la confiance du créancier. Pour ce faire, le négociateur doit maîtriser la notion du budget en mode programme, dans la mesure où le créancier se base sur l’exécution des IOV (Indicateurs objectivement vérifiables) lors de l’évaluation. Or, le budget en mode programme est composé d’actions. Ces actions incluent des activités avec un budget et un délai précis.
Par ailleurs, la dette publique est un prêt conséquent et à long terme qui engage tous les citoyens. Elle devrait donc être orientée vers les travaux d’intérêt public, c’est-à-dire dans l’investissement et non dans le fonctionnement.
Toujours au sujet de la négociation, se pose également le problème des négociateurs. Où les trouver ? Sous un autre angle, sur un versant, il faut bien négocier ; sur un autre versant, où et comment investir ? Il faut aussi garder à l’esprit que le créancier se réserve un certain pourcentage.
Le rôle des Parlements est aussi crucial dans ce genre de prêts. En effet, la plénière a rappelé l’existence des dettes odieuses, où le créancier dresse des pièges au pays bénéficiaire de la dette. En outre, le phénomène des prêts cachés, qui ne passent pas sur la table du Parlement, ne devrait pas être négligé.
Même si l’argument selon lequel le recours à la dette intérieure est favorisé du fait de la non-dépréciation de la monnaie locale n’a pas convaincu tous les Honorables Députés, il a été rappelé l’existence du marché des capitaux. De plus, une autre voie est à emprunter : celle du partenariat public-privé.