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Le Parlement en Congrès : Présentation du rapport d’étapes de la Commission Vérité et Réconciliation, exercice 2020

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Le Gouvernement du Burundi, a suggéré, jeudi 07 janvier 2021 le Président de la CVR, devrait officiellement demander pardon, dans le cadre de la continuité d’Etat, au peuple Burundais pour le cycle des violations qui ont endeuillé le pays. L’Ambassadeur Pierre Claver NDAYICARIYE a émis ce souhait quand il présentait le rapport d’étape de la CVR devant le Parlement réuni en Congrès à l’hémicycle de Kigobe.

Ce rapport s’est déroulé en deux temps. D’abord les Parlementaires ont suivi une projection des séances d’exhumation des restes humains des massacres de 1972 dans les régions sud et centre, c’est-à-dire dans les provinces de Rumonge et Makamba d’une part et Gitega et Karusi d’autre part. Ensuite, le Président de la CVR a présenté le rapport des activités de 2020 qui se résume en six livres. La base du rapport est focalisée dans un livre de 274 pages qui relate la planification et l’exécution des massacres de 1972. Les cinq autres livres contiennent des photos. Il a aussi souligné que quatre grandes activités ont été menées par la CVR, à savoir l’exhumation, les témoignages, les descentes et réalisations de la CVR par le biais de son bulletin.

Par ailleurs, l’orateur du jour a expliqué le choix de 1972. Malgré que le feu à cette époque ait embrasé tout le pays, le flou a toujours plané autour de ces massacres. Beaucoup de victimes ont péri innocemment. Certains répondaient à l’invitation d’une autorité administrative à une réunion, d’autres ont été attrapé à leur lieu de travail. La course contre la montre milite aussi en faveur de 1972. En effet, a-t-il expliqué, les témoins ou ceux qui ont trempé dans les événements de 1972 sont en train de vieillir. En outre, a-t-il rassuré, tous ceux qui en savent quelque chose n’ont pas encore eu l’occasion de s’exprimer. Il a saisi cette occasion pour exhorter les Parlementaires d’encourager leur électorat à livrer leur témoignage.

Néanmoins, a nuancé l’Ambassadeur Pierre-Claver NDAYICARIYE, les drames des périodes autres que 1972 ont aussi fait l’objet d’enquêtes. Et d’illustrer ses propos par le marché de Kamenge où des restes humains ont été exhumés. D’autres sites qui regorgent des restes humains sont signalés à Buterere, à l’Aéroport de Bujumbura et à Bururi dans les communes de Kiremba, Matana et Rutovu.

A propos des régions d’enquêtes, force a été de constater qu’elles sont différentes à plusieurs égards, a confié le Président de la CVR. D’abord, au sud sévissait une guerre alors que la population vivait paisiblement au centre du pays. Un administratif au sud du pays aurait signalé à ses supérieurs hiérarchiques le climat tendu dans son entité administrative un mois à l’avance mais ces derniers ont fait fi de l’information. Ensuite, Une intrusion des Mayi Mulele aurait fait rage au sud, avec des témoignages à l’appui tandis que l’écho de ces « assaillants » a été rejeté au centre du pays. Puis, les fosses communes au sud du pays ont été creusées par des mains humaines qui ont aussi entassé les vivants et les morts, ce qui prouve leur identification avec les noms des victimes. Or, au centre du pays, ce sont les machines qui s’acquittaient de cette besogne. Ces engins égalisaient le sol par après, histoire de supprimer toute trace. Enfin, au sud, la communauté TUTSI a été la première à être tuée dans les plaines de Rumonge et Nyanza-Lac mais par après la bataille s’est retournée contre les Hutus. Même la population des contreforts descendaient pour le renfort. Certaines étaient appelées pour la réunion des administratives, mais arrivée au lieu de la réunion, la population était divisée, les HUTU d’un côté et les TUTSI de l’autre. Les premiers n’ont jamais retourné chez eux.

A l’heure actuelle, a déclaré l’Ambassadeur Pierre Claver NDAYICARIYE, les Commissaires de la CVR ne sont plus exaspérés par les restes humains exhumés. Ils sont plutôt épouvantés par les témoignages des orphelins et des veuves qui étaient violées par les bourreaux de leurs maris.

Le Président de la CVR prône le règlement à l’amiable. Un dialogue, propose-t-il, entre celui dont les biens ont été spoliés et l’auteur du pillage s’impose. Il a aussi recommandé au Gouvernement d’initier un projet de loi relatif au dédommagement de ceux qui ont été qualifiés à tort de traîtres.

La réhabilitation va de pair avec l’indemnisation matérielle, a fait remarquer un Parlementaire qui a salué au passage le pas de géant franchi par la CVR qui a fait éclater au grand jour la vérité, seul remède au mal burundais. D’aucuns confondent la réhabilitation et la paix, a renchéri l’Orateur du jour.

Les noms des victimes sont connus. Pourquoi pas ceux de leurs bourreaux, s’est indigné un Parlementaire.

La liste des bourreaux existe bel et bien, a calmé le Président de la CVR avant de préciser qu’elle est jalousement conservée.

A Buterere gisent plusieurs personnes victimes des massacres de 1972, a informé un Parlementaire qui s’étonne du fait que des bâtisses soient sciemment érigées sur ces fosses communes.

La balle est dans votre camp, a rétorqué l’Ambassadeur Pierre Claver NDAYICARIYE qui a partagé l’expérience des autres pays qui ont connu cet embarras de choix. Au lieu de détruire un immeuble de 15 niveaux pour exhumer les restes humains, ils ont plutôt préféré dresser un monument, a-t-il témoigné.

Pour les restes humains déjà exhumés, il a été préposé de les déposer dans un musée de la mémoire et de la réconciliation où on trouvera aussi tout objet découvert sur ces restes dont les vêtements. La finalité est de servir de leçon aux générations futures pour que le “plus jamais ça” ait son sens.

Quel est le sort de ces enfants conçus par des veuves de 1972 mais qui ont été rejetés par leur père, a interrogé un Parlementaire qui a aussi expliqué que ces enfants ne partagent pas la même ethnie avec leurs grands frères et sœurs.

Ce défi, a répondu l’Ambassadeur Pierre Claver NDAYICARIYE, rentre dans la catégorie des questions transversales.

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