L’Assemblée Nationale a consacré une part importante de ses délibérations à la question cruciale de la gestion de la production et de la commercialisation du maïs, une ressource stratégique pour le Burundi. Lors de la séance plénière du 25 juin 2025, les Honorables Députés ont examiné l’état d’avancement des recommandations formulées le 27 février 2025 concernant la gestion de la récolte de maïs par l’Agence de Gestion des Stocks de Sécurité Alimentaire (ANAGESSA). Les Ministres de l’environnement, de l’agriculture et de l’élevage, Monsieur Prosper Dodiko, et du commerce, du transport, de l’industrie et du tourisme, Madame Marie Chantal Nijimbere, avaient été conviés devant la plénière afin de se prononcer sur ce sujet.
Les délibérations de l’Assemblée nationale mettent en lumière l’importance cruciale d’une gestion stratégique du maïs pour la sécurité alimentaire et le développement économique du Burundi.
La question de la transformation du maïs a été abordée, notamment en relation avec la production brassicole. Conscients de l’importance stratégique des exportations pour l’économie nationale, les Honorables Députés ont néanmoins plaidé en faveur d’un équilibre entre les impératifs extérieurs et les besoins internes. Ils ont souligné la nécessité de réserver une part significative de la production à la consommation locale, d’autant plus que l’État investit dans la fabrication des produits de la Brarudi. Par ailleurs, des remarques ont été formulées concernant le goût jugé excessivement sucré de l’Amstel Bright, ainsi que son prix élevé, en dépit du fait que le maïs utilisé dans sa composition est issu de la production nationale.
Pour sa part, Madame le Ministre Marie Chantal Nijimbere a expliqué la rareté de l’Amstel blonde par les opérations de maintenance actuellement en cours au sein de la Brarudi, comme précisé dans un communiqué diffusé à cet effet. Elle a également assuré que le réapprovisionnement du marché local était imminent. Quant au coût de l’Amstel Bright, elle a apporté des éléments de clarification, précisant que le maïs n’en constitue qu’environ 30 % de la matière première, le reste étant importé, ce qui justifie une partie des surcoûts.
S’agissant de la qualité du produit, le Président de l’Assemblée nationale a suggéré d’allonger la durée de fermentation et de réévaluer les procédés de distillation. Il a en outre évoqué la possibilité que la pénurie observée d’Amstel blonde soit liée à une volonté commerciale de positionner le produit comme une marque réservée.
Le Numéro deux burundais a également fait un clin d’œil sur la gestion des SSD (Strategic Sales Depots) qu’on pourrait traduire par Société Stratégique de Distribution). La Brarudi approvisionne les SSD à la normale. Les choses se gâchent au niveau de ces SSD qui ne sont pas sous le contrôle de la Brarudi.
Un point d’attention particulier a été aussi soulevé concernant la qualité et la gestion des semences. La plénière s’est inquiétée des pratiques frauduleuses consistant à commercialiser des graines de maïs hybride impropres à la germination sous l’apparence de semences certifiées après les avoir enrobées d’huile colorée.
En réponse à ces préoccupations, le Ministre Dodiko a annoncé la mise en place d’une liste de multiplicateurs de semences agréés, afin de garantir aux producteurs un approvisionnement fiable et de qualité.
L’exportation du maïs a également été au centre des discussions. Les députés ont souligné l’importance d’impliquer l’ANAGESSA dans le processus d’exportation afin de contrôler les flux et de garantir que les agriculteurs soient rémunérés de manière équitable pour leur production. De plus, la plénière a plaidé pour une planification rigoureuse et une consultation élargie lors de la fixation des prix du maïs, impliquant l’administration, les producteurs et les autres acteurs de la filière. L’objectif est d’éviter la spéculation et d’assurer une distribution équitable des bénéfices.
Afin d’améliorer la gestion des stocks de maïs, le ministère de l’environnement, de l’agriculture et de l’élevage s’engage à mettre en œuvre les normes internationales, notamment par l’acquisition imminente de deux silos de grande capacité, qui seront installés à Bujumbura et à Gitega.
La question du rattachement institutionnel de l’ANAGESSA, au ministère de l’agriculture ou du commerce, reste en suspens et sera tranchée par le Gouvernement en fonction de sa mission principale.
En ce qui concerne les stocks actuels de maïs, l’ANAGESSA a recensé environ 71 000 tonnes, dont une partie (20 000 tonnes) est impropre à la consommation humaine et sera destinée à l’alimentation animale. Une quantité plus limitée (500 kg) est totalement détériorée, tandis que 15 000 tonnes sont encore stockées et disponibles.