La politique de mise en place des zones économiques spéciales est adoptée par des pays qui veulent accélérer leur développement économique et social, assurer une transformation de l’économie et un renforcement de leur souveraineté industrielle.
Le ministre du commerce, du transport, de l’industrie et du tourisme Mme Chantal Nijimbere s’exprimait ainsi devant l’Assemblée nationale dans la séance plénière du vendredi 3 janvier 2025, dédiée à l’analyse et adoption du projet de loi portant régime des zones économiques spéciales du Burundi.
Au Burundi, a-t-elle poursuivi, les zones économiques spéciales sont citées dans le code des investissements, mais ce dernier ne fournit pas de détails nécessaires quant à leur création, leur éligibilité et leur gouvernance. D’où une législation spécifique s’impose.
Le régime des zones économiques spéciales a donc pour objectif principal de développer des espaces hybrides, à la fois tournés vers l’exportation et la substitution des importations. Il permettra en outre des échanges économiques et financiers sur tout le territoire.
Ainsi, les zones économiques spéciales permettront la mise en œuvre de la politique industrielle du Burundi en assurant la redynamisation des industries existantes et le développement de nouvelles industries ainsi que la valorisation de la matière première locale. D’autres avantages sont notamment l’attraction des investisseurs étrangers, la création d’emplois surtout pour les jeunes, l’augmentation des exportations pour le rééquilibrage de la balance économique, le transfert des technologies et le développement des compétences au sein de la main-d’œuvre locale. Les zones économiques spéciales permettront aussi la mise en œuvre d’un cadre de développement efficient en terme de logistique autour d’infrastructures de base essentielles telles que les ports, les routes et les chemins de fer. Ce système sera géré par un contrat de partenariat public privé, ce qui générera des fonds à l’Etat.
Les secteurs prioritaires qui seront favorisés sont entre autres le secteur minier ainsi que l’agro-industriel. Le Gouvernement devra donc développer une agriculture et un élevage industriels capables de satisfaire les besoins en matière première des industries de transformation du cuir, de la viande, du palmier à huile, d’avocat, de tomate, du manioc, etc.
Actuellement, 237 zones économiques spéciales réparties dans 37 pays africains sont opérationnelles. Le cas de réussite le plus significatif est celui du Maroc avec la zone économique Tanger-Med, considérée comme une référence au niveau mondial avec 1300 entreprises installées générant un volume d’affaires de 14 milliards d’Euros dans les domaines de l’automobile, l’aéronautique, le textile, l’agro-alimentaire et la logistique, créant ainsi 115.000 emplois.
A la question des Honorables députés portant sur l’issue du projet de mise en place de la zone économique spéciale de Warubondo en zone Gatumba de la commune Mutimbuzi, le ministre Chantal Nijimbere reconnaît l’échec de ce projet par manque justement de cadre légal approprié régissant les zones économiques spéciales au Burundi. “Il y a eu anticipation, la mise en place d’une loi spécifique aurait dû précéder ce projet”.
Quant à la nécessité de plusieurs facteurs dont l’énergie électrique et une bonne connexion internet, une étude de faisabilité de mise en place d’une zone économique spéciale pilote est envisagée et va estimer ses besoins en énergie et en connexion internet, ce qui permettra aux ministères concernés de les disponibiliser. Avec toutes les procédures nécessaires, la mise en place de la première zone économique spéciale pilote est donc prévue dans 5 ans. Après analyse, ce projet de loi a été adopté à l’unanimité.