Le ministère de l’hydraulique, de l’énergie et des mines semble quasiment inexistant, constata le Président de l’Assemblée nationale le jeudi 28 décembre 2023, lors de la séance plénière dédiée à l’analyse du rapport d’audit de la gestion budgétaire du ministère. Ce rapport, réalisé par la Cour des comptes pour la période de 2019-2020 à 2022-2023, a mis en lumière plusieurs lacunes.
En vertu de la loi organique n°1/20 du 20 juin 2022 révisant la loi n°1/35 du 4 décembre 2008 sur les finances publiques, la Cour des comptes a entrepris cet audit sur une période de quatre exercices budgétaires. Comme la Cour des comptes est au service de l’Assemblée nationale, elle lui a alors transmis ce rapport en vue d’analyse, de formulation des observations et des recommandations.
Le Très Honorable Gelase Daniel Ndabirabe a poussé ce cri de désolation eu égard à plusieurs manquements. En voici quelques-uns :
le ministère ne dispose pas de code de déontologie et d’éthique ;
les dossiers des ressources humaines sont gérés dans des services différents ;
l’existence des chevauchements entre les missions de l’inspection générale du ministère et celles de l’AREEN, entre les missions de la direction générale de l’AHMAR ; ainsi qu’entre les missions de la direction générale de l’électricité et celles de la REGIDESO et de l’ABER ;
le ministère ne dispose pas de manuel de procédures ;
les contrôles hiérarchiques sont inexistants dans certains secteurs ;
l’audit interne est exercé par l’inspection générale, un service qui présente certaines faiblesses ;
les réunions que le ministère et ses services organisent en matière de gestion budgétaire et comptable ne sont pas matérialisées par des procès-verbaux.
Malgré ce tableau sombre, la plénière a lavé le Ministre Ibrahim Uwizeye qui a trouvé la boîte dans cet état catastrophique. Et de lui prodiguer des conseils allant dans le sens de relever la situation. Une profonde réforme est plus que nécessaire. Elle sera, ont-ils proposé, l’objet d’un deuxième audit au terme de cinq mois.
C’est dans cette optique que les députés ont émis quelques considérations à prendre en compte dans cette réforme. De prime abord, ils ont insisté sur l’importance du ministère de l’hydraulique, de l’énergie et des mines à telle enseigne que certains l’ont qualifié du cœur du pays. Porteur indéniable de croissance économique, ont-ils déclaré, ce ministère doit traduire dans les faits la vision 2040 (Burundi, pays émergent) et la vision 2060 (Burundi, pays développé). Or, tout est voué à l’échec si le délestage de l’eau et de l’électricité qui s’observe actuellement persiste. Force a été de constater que la nature a souri au Burundi qui ne sait pas profiter de ce cadeau. Au moment où les pays désertiques connaissent la valeur de l’eau, le Burundi assiste au ruissellement de la pluie au lieu de capter l’eau dans les montagnes.
L’eau est la vie au moment où l’électricité est le bien être, ont-ils encore relevé. Si l’eau manque, bonjour les maladies des mains sales, ont-ils averti avant de démontrer la famine qui sévit petit à petit dans les ménages qui vivent au jour le jour des petits métiers grâce au courant électrique dont les perturbations sont devenues monnaie courante.
Certes, les députés sont conscients des efforts déployés par le Gouvernement qui est en train de construire des barrages. Néanmoins, la corruption et les malversations sont toujours au rendez-vous. C’est le cas de le dire pour le cas du Rusumo Falls dont les transformateurs ne supportent pas la capacité du courant électrique, ce qui expliquerait le délestage récurrent. Le Ministre Ibrahim Uwizeye a promis de suivre de près ce dossier qui donne froid au dos. Il devra aussi rendre compte au Président de l’Assemblée nationale.
Autrefois, se sont -ils souvenus, l’entrée des devises provenait des cultures d’exportation dont le café et le thé. Mais maintenant ces cultures ne sont plus rentables. Le seul espoir reste le secteur minier qui profite malheureusement à une poignée de gens, ont-ils déploré avant de proposer la signature de nouveaux contrats qui profiteraient aux deux parties.
Selon l’Envoyé du Gouvernement, un pas de géant a déjà été franchi dans ce sens avec la suspension des compagnies minières.
A propos du carburant qui paralyse les activités économiques du fait que le travail patauge puisque les fonctionnaires sont en longueur du jour à la file indienne en quête de carburant devant les stations-services. Même le volet social en pâtit avec les maris qui découchent sous prétexte qu’ils sont à la recherche du carburant, a regretté une députée.
Pour ce cas, le Ministre Ibrahim Uwizeye a déclaré qu’un département chargé du carburant va être mis sur pied à la REGIDESO.
Par ailleurs, les députés ont attiré l’attention du Ministre Ibrahim Uwizeye de l’importance de restructurer la REGIDESO.
Toutes les contributions des députés sont tombées dans l’oreille attentive du Membre du Gouvernement.