L’honorable Abel Gashatsi encourage toute personne qui aurait trempé dans le génocide de 1972-73 à avouer son crime avant de demander le pardon qui lui sera automatiquement accordé. Le deuxième vice-président de l’Assemblée nationale, qui a tenu ces propos samedi 25 février 2022 au stade de Rutana en marge d’une prière œcuménique au terme des activités de la CVR dans ce coin, a rappelé que cette disposition est d’ailleurs prévue à l’article 61 de la loi régissant la CVR.
Des représentants des églises anglicane et catholique ainsi qu’un musulman se sont tour à tour relayés pour prier pour les victimes du génocide de 1972-73 et leurs bourreaux. Cette prière à justement donné le coup d’envoi des activités du jour qui ont vu la participation des députés élus dans cette circonscription, les autorités administratives à différents échelons et la population.
Dans son mot de bienvenue, le gouverneur de province, monsieur Olivier Nibitanga, a invité le public à faire preuve de retenue face aux scènes macabres auxquels il allait assister.
Au total, 497 restes humains ont été exhumés dans 11 fosses communes dans les différentes communes, au terme de deux semaines que la CVR venait de passer dans cette province. C’est ce qu’a indiqué un commissaire de cette instance en précisant qu’à l’époque Rutana était un arrondissement de la province de Ruyigi, sauf la localité de Gitanga qui faisait partie de la province de Bururi.
Madame Léa Pascasie Nzigamasabo a néanmoins précisé que cet effectif n’est qu’un échantillon. Outre que certaines victimes ont été soit carbonisées, soit jetées dans les cours d’eau, une forte érosion a déterré une profonde fosse commune en apportant sur son passage un nombre important de restes humains. A cela s’ajoutent d’autres fosses communes qui n’ont pas encore été exhumées quand on sait que Rutana a été une hécatombe au vrai sens du terme.
A titre exemplatif, la commune de Bukemba a été rasée à telle enseigne qu’il y a eu un repeuplement par les réfugiés rwandais.
Même si la besogne se poursuit, elle a cependant nuancé qu’au niveau national, la CVR venait de clôturer officiellement et provisoirement les travaux d’exhumation des restes humains du génocide avec cette dernière étape de la couverture des trois provinces de Bujumbura, Rutana et Ruyigi. Tout le pays a donc été parcouru.
D’aucuns se demandent pourquoi la CVR poursuit les activités d’exhumation des fosses communes et le recueil des témoignages alors que les massacres de 1972-73 sont déjà qualifiés de génocide contre les Hutus du Burundi.
Plusieurs raisons expliquent cet état des faits. Et madame Léa Pascasie Nzigamasabo d’en énumérer quelques-unes. D’abord la dénomination est tombée avant que la CVR ne descende sur toute l’étendue du pays, quand on sait combien les témoignages contribuent au soulagement. Ensuite, l’instance a été sollicitée dans les coins n’ont encore couverts. Puis le fait de recouper les témoignages variés permettra de retranscrire un passé plus ou moins proche de la réalité. Enfin la loi régissant la CVR prévoit l’exhumation des fosses communes autant que faire se peut.
Le public a eu droit à une visite guidée d’une fosse commune sise dans les parages du stade. Au retour, ce même public a rendu les hommages aux restes humains en se faisant expliquer les circonstances dans lesquelles ces victimes du génocide de 1972-73 ont péri.
Comme les familles de ces victimes du génocide n’ont pas eu le droit de pleurer les leurs ni celui d’organiser les rituels y relatifs dont le deuil et la levée de deuil. Aussi la CVR a-t-elle simulé ce cérémonial de levée de deuil en octroyant un verre que le public s’est partagé en toute convivialité.