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Analyse et adoption du projet de loi portant organisation du service diplomatique de la République du Burundi

BUREAU ELARGIE

Dorénavant, le Burundi ne sera plus représenté par des commissionnaires étrangers en qualité d’ambassadeurs, a rassuré le vendredi 17 septembre 2021 le ministre des affaires étrangères et de la coopération au développement, en marge de l’analyse du projet de loi portant organisation du service diplomatique de la République du Burundi, qui a été adopté à l’unanimité. Le dernier commissionnaire, un Européen qui opère à Vienne, qui est averti de son imminente démission, prépare déjà ses bagages. Au total, ils étaient au nombre de trois, un Ivoirien et un Egyptien. Mais qu’à cela ne tienne, la pratique est de mise sous les autres cieux. Même un Burundais, monsieur Pascal-Firmin Ndimira, qui fut premier ministre, a été commissionnaire du Togo.

Selon l’Ambassadeur Albert Shingiro, dans son exposé des motifs, plusieurs arguments de taille ont milité en faveur du projet de loi sous analyse. D’abord la Constitution, en son article 164, alinéa 3, précise que le service diplomatique ressort du domaine de la loi. Or, depuis l’Indépendance du Burundi, le ministère de tutelle se souscrivait aux décrets, et/ ou ordonnances, bref des législations non seulement éparses mais aussi sans poids. Depuis l’accession du Burundi à son indépendance, aucun diplomate n’a été formé en la matière. Les ambassadeurs rôdés noyaient en quelque sorte leurs collègues Burundais dans des rencontres internationales. En outre, ces ambassadeurs nationaux doutaient de leur avenir au terme de cette carrière, ce qui les poussait à se déclarer quelquefois comme réfugiés pour trouver asile en Europe ou en Amérique. Cette situation ternissait l’image du pays dans le concert des nations.

Pour toutes ces raisons, le conseil des ministres en décembre 2020 a initié ce projet de loi qui prône la rotation des diplomates sur une période de quatre ans. L’idée est de renforcer le sentiment d’appartenance à l’institution et de cultiver la rétention. Le projet de loi sous analyse a aussi prévu le recrutement des jeunes qui seront formés sur le tas.

Ce point a soulevé des inquiétudes de la part des Députés qui se demandent si les autres fonctionnaires sont exclus d’office de la carrière diplomatique. Une autre voie de sortie proposée serait de recruter les lauréats des relations internationales, étant donné que la filière consacrée à la diplomatie n’est pas encore implantée au Burundi.
Les différents profils se retrouvent dans ce secteur diplomatique. Les prétendants sont nombreux. C’est alors au décideur de concilier certaines conditionnalités relatives aux quotas définis par la Constitution burundaise.

Quant à l’école de diplomatie, nul n’est besoin de la mettre sur pied dans le souci d’éviter des chevauchements. Sinon cette notion est dispensée dans certaines facultés de l’université du Burundi et dans les universités privées.

Par ailleurs, le principe de la réciprocité est cher dans le domaine diplomatique. Si un pays ne manifeste pas de volonté d’ouvrir son ambassade au Burundi, ce dernier lui rend aussi la monnaie de sa pièce. C’est dans ce cadre que le pays a fermé son ambassade à Ottawa alors que beaucoup de Burundais y résident. Néanmoins, l’Ambassadeur accrédité à Washington à quelques heures d’avion peut aussi couvrir cette contrée.

Les Députés ont enfin recommandé au Gouvernement de redorer l’image du pays. Ils ont pris comme témoignage l’Ambassade du Burundi à Paris qui a été vendu par un ambassadeur sans l’aval de son ministre de tutelle. Cette ambassade a quitté le 16ème Arrondissement où logent les administratifs dignes de ce nom pour atterrir dans un bidonville. Même un membre du Gouvernement en visite à cette ambassade s’est fait voler ses affaires dans son véhicule. D’autre part, des terrains sont octroyés mais les moyens financiers pour les mettre en valeur tardent à venir. Le cas de triste mémoire est celui de la parcelle de 64 ares qui a été récupérée par Kinshasa, faute d’exploitation. Même si l’ultimatum délivré à Bujumbura a été fixé au 31 décembre 2021, le cas de Mogadiscio et de l’immeuble en chantier interminable d’Addis-Abeba font toujours écho.

En outre, l’image du pays est altérée par la mentalité même de certains ambassadeurs mal intentionnés. Taxer de persona non grata un ambassadeur est une épée plantée dans le cœur de son pays. Aussi, le Burundi devra-t-il passer au tamis ses représentants pour que le cas de l’Afrique du Sud ne se reproduise plus. En effet, le budget de l’ambassade servait plutôt à s’approvisionner en liqueurs et ce, en jouissant de l’exonération. L’éthique et la déontologie sont violées sciemment. Sinon tout diplomate est conscient qu’aucun membre de sa famille, à plus forte raison l’ambassadeur même, sont défendus d’exercer aucune activité commerciale.

Même si elles se mesurent sur une sphère de rivalité, le Burundi ne doit pas faire fi des conventions de Vienne et des conventions de New-York qui régulent en quelque sorte les relations internationales. Qu’on ne se le cache pas, la guerre froide perdure si elle n’est pas devenue plus féroce qu’avant. En diplomatie, il n’y a pas d’amis mais des intérêts, à l’instar des relations humaines d’ailleurs.

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