91 voix POUR, 14 ABSTENTION et 3 CONTRE, tel est le résultat de l’adoption du Projet de loi portant Elévation de Son Excellence Président Pierre NKURUNZIZA au Rang de Guide Suprême du Patriotisme, au cours de la séance plénière de mercredi 19 février 2020. Cette proposition de loi présente en outre une autre particularité étant donné que la Commission de la Défense et Sécurité qui a été saisie au fond l’a présentée en langue nationale au moment où le Projet de loi était bilingue, il était écrit en français et en kirundi.
Son Excellence le Président Pierre NKURUNZIZA est une personnalité très importante pour le Burundi, a noté dans son exposé des motifs, le Ministre de la Justice, de la Protection civique et Garde des Sceaux. Et Maître Aimée Laurentine KANYANA d’appuyer ses propos par des preuves :
• Il fait montre de l’abnégation inégalée, de l’engagement et du dévouement exceptionnels à la défense de la souveraineté nationale, de l’éveil de la conscience du peuple burundais et de l’amour de la patrie ;
• Il a matérialisé son idéologie sage en parcourant le pays entier pour inculquer l’esprit patriotique ;
• Il a été un Président exemplaire dans la consolidation de l’indépendance politique et économique de la République du Burundi ;
• Il a initié et cimenté la culture et la discipline démocratiques au Burundi outre les œuvres multiples et louables qu’il a conçues et finalisées pour le pays.
Au regard des interventions relatives à la procédure que cette proposition de loi a suivie, force a été de constater que les Députés ne sont pas habitués à ce genre d’exercice. Ce ne sont pas tous les Députés qui ont initié la proposition de loi, a démontré une opinion qui a réfuté l’idée que cette proposition de loi émane de l’Assemblée nationale. Avant d’envoyer la proposition de loi au Gouvernement, a complété un autre Député, le mieux serait d’en débattre au cours d’une séance plénière pour que tous les Députés s’en imprègnent, à l’instar du Conseil des Ministres. Nous avons été ébahis en apprenant que le Projet de loi sous analyse provient de l’Assemblée nationale, s’est-il expliqué.
Décidément, ont regretté certains Parlementaires partisans de cette initiative, les Députés ne sont pas au courant des droits qui leur sont dévolus. Au lieu de blâmer les collègues, il fallait plutôt les féliciter, ont-ils conseillé avant d’apporter une série d’éclaircissements.
Tout d’abord, même un seul Député a la latitude d’initier une proposition de loi, ont-ils annoncé avant d’établir une rectification. Au Conseil des Ministres l’initiative émane d’un seul Membre du Gouvernement, ont-ils déclaré avant de rappeler que la même méthode est observée lors de la formulation des questions orales. La proposition de loi l’est au niveau du Parlement, sinon après son passage au Conseil des Ministres, ce n’est plus une proposition mais un Projet de loi que les Parlementaires analysent et adoptent comme à l’accoutumée, ont-ils révélé tout en encourageant la plénière à se livrer à ce genre de gymnastique.
Pourquoi légiférer pour une seule personne ?, a encore interrogé un intervenant qui a jugé que le mieux serait d’analyser les décorations octroyées à telle ou telle autre personnalité. « Nous légiférons pour l’avenir », a-t-il insisté avant de rappeler l’existence du Statut des anciens Chefs d’Etat comme pour démontrer que le Projet de loi sous analyse est de trop. Tout homme est infaillible, or Son Excellence le Président de la République Monsieur Pierre NKURUNZIA est un homme, donc il est infaillible, a-t-il usé de ce doute méthodique pour démontrer que ce genre d’honneurs sont rendus à titre posthume. L’expérience a montré que de par le passé des Chefs d’Etat ont quitté le pouvoir par respect des urnes mais sont par après revenus au moyen des coups d’Etat, a-t-il enchainé avant de se demander si dans ce cas d’espèce le titre lui sera ôté.
La loi n’interdit pas de se focaliser sur une seule personne, a tranché le Ministre de la Justice, de la Protection civique et Garde des Sceaux qui a d’ailleurs cité d’autres cas de figure. Il existe le Code des médecins ou l’amnistie, a énuméré Maître Aimée Laurentine KANYANA comme pour illustrer qu’une loi ne concerne pas nécessairement tout un peuple, elle peut s’appliquer aussi sur une catégorie de gens ou de choses.
Accorder ce titre à un Chef d’Etat qui n’a pas bougé pour expliquer au monde la situation sécuritaire qui dégringolait au Burundi en 2015 serait inexplicable, a jugé un Député.
Le Président de la République rend compte à son peuple, a déclaré un intervenant avant d’ajouter que cette même communauté internationale était plutôt impliquée dans la perturbation de la sécurité au pays. Par ailleurs, a renchéri un autre Député, le fait que le Président de la République n’a pas sillonné le monde pour éclairer l’opinion internationale sur la situation qui prévalait au Burundi est justement l’une des raisons qui militent pour la mise sur pied de ce Projet de loi sous analyse. Il a été un modèle. Il a démontré aux Burundais qu’ils sont capables de subvenir à leurs besoins sans l’apport de l’étranger. C’est plutôt un mérite. Nous privilégions le partenariat gagnant-gagnant et non la coopération qui profite seulement aux Occidentaux. Ils pillent la richesse du pays pour revenir déguisés en bienfaiteurs. Le Président Pierre NKURUNZIZA prône le changement de mentalité. La solidarité reste son mot d’ordre à condition d’utiliser les ressources du pays. Finie l’aide étrangère accompagnée de conditionnalité.
Un autre argument de poids, a complété l’Envoyée du Gouvernement, en 2015, lors du coup d’Etat manqué, au lieu de se sauver et demander asile à l’étranger il est revenu au pays qui a aussitôt recouvré la paix. Il l’a fait sereinement. Brûler les pneus. La police accompagnait calmement les manifestants alors qu’elle pouvait user de sa force pour les contraindre.
Que serait devenu le pays à la suite du chaos entretenu par les hommes de rue ?, ont demandé certains Députés qui se sont réjouis que le Burundi ait échappé au sort de la Somalie et de la Syrie. Comme le pays a évité de justesse de tomber dans le gouffre grâce à un seul homme, c’est à ce titre que cet homme mérite cet honneur de Guide Suprême, ont-ils déduit.
A celui qui a demandé les critères de choix d’un Guide Suprême du Patriotisme, le Ministre de la Justice, de la Protection civique et Garde des Sceaux s’est d’abord excusé de la liste qui est loin d’être exhaustive pour le cas de Président Pierre NKURUNZIZA avant d’exposer quelques faits saillants.
En matière de démocratie, il demeure un modèle, a-t-elle énoncé. La passation du pouvoir n’est pas fréquente, a-t-elle illustré sur base de l’actualité. Le multipartisme est de mise, a-t-elle enchaîné avant d’expliquer que le démantèlement des partis politiques est dû aux membres en manque d’idéologie. Par ailleurs, Maître Aimée Laurentine KANYANA a rappelé à deux autres éléments de taille à l’actif du Président Pierre NKURUNZIZA. Il s’associe au peuple au cours des travaux de développement communautaires, chose jamais vue auparavant. Il a aussi mis fin au problème du régionalisme qui minait le pays, a-t-elle ajouté en se réjouissant que toutes les provinces du pays sont actuellement représentées dans les différentes institutions du pays. Un autre fait non moins important, a-t-elle poursuivi, est l’organisation des séances de formation civique. Ces dernières ont porté leurs fruits, a-t-elle révélé, la plupart de gens sont maintenant conscients du privilège d’être citoyens d’un pays dont ils contemplent la beauté.
S’il advenait que le Détenteur de ce titre honorifique déraille, rien n’empêcherait aux Parlementaires du moment de le lui retirer.
La commémoration de la fête de l’Indépendance et celle du Guide Suprême du Patriotisme se déroulent au mois de juillet, a fait observer un Député qui s’inquiète déjà du chevauchement et qui a du mal à se représenter quelqu’un qui prend la parole en lieu et place du Président de la République.
Pour le Membre du Gouvernement, la fête de l’Indépendance est connue ainsi que le rituel y relatif. Quant à la fête du Guide Suprême du Patriotisme, un décret présidentiel précisera les modalités, a confié le Ministre de la Justice, de la Protection civique et Garde des Sceaux avant de préciser que l’Indépendance sera évaluée par le Guide Suprême du Patriotisme qui donnera aussi des conseils en bon père de famille sur les autres aspects de la vie socioéconomique du pays.