Le partenariat public-privé est la solution immédiate et durable pour améliorer la qualité de l’enseignement en province de Bubanza, a conseillé vendredi 08 novembre 2019 le Directeur Provincial de l’Enseignement de Bubanza lors de la remise des diplômes à la 3ème promotion de l’Ecole Polytechnique du Moment, EPM en sigle. Monsieur Philbert HABONIMANA réagissait en effet aux propos du directeur de l’école qui accusait le ministère technique de cacher les programmes aux établissements privés. Si les établissements scolaires s’organisaient en réseaux, il y aurait un ouf de soulagement, a-t-il déduit. Du coup, le problème de manque de manuels ne se poserait plus. De même, l’entrave des programmes tardifs ou erronés se verrait résolue.
Outre ce défi en cause des résultats médiocres que la promotion a obtenus cette année, le directeur de l’établissement, monsieur Faustin NYENIMANA condamne aussi le manque de motivation des élèves de la plaine de l’Imbo qui ne considèrent pas l’école comme leur première préoccupation, ce qui affecte la qualité de l’enseignement. Il a aussi déploré la position géopolitique de l’école. Située aux environs de la capitale, l’EPM enregistre des fois un manque de professeurs qui sont instables. Le manque de numéro de matricule pousse ces professeurs à considérer leur métier comme un passe-temps. Résultat : dès qu’ils trouvent mieux à Bujumbura, ils quittent les lieux. Les enseignants dont la plupart habitent à Bujumbura enregistrent des retards. Dépourvus de tickets de bus, ils se débrouillent tant bien que mal pour arriver au service. Il a également signalé la responsabilité des parents qui confient aux enfants des travaux dont la gestion des boutiques ou la riziculture, au lieu de les encourager à revoir les cours.
Par contre, le Directeur Provincial de l’Enseignement à Bubanza en a appelé à la vigilance des autorités administratives qui devraient protéger les écoles des bars dont l’arôme des brochettes fait couler la salive des élèves en cours ou alors la musique dont le volume casse les tympans dans les salons de coiffure. Monsieur Philbert HABONIMANA a lancé surtout une alarme contre la pratique de publication de bancs pour une élève encore en uniforme. La signature du chef collinaire attestant que la mariée n’est pas élève. Le règlement à l’amiable des familles pour une fille tombée enceinte alors qu’elle était encore sur le banc de l’école favorise aussi le manque de motivation des jeunes filles.
Suite aux contraintes de la vie, a-t-il analysé, les enseignants adoptent d’autres comportements. A titre illustratif, il n’est pas rare de trouver un directeur d’école déguisé en motard après les heures de service ou alors un professeur qui suit le programme du soir dans une université privée. Ces situations altèrent la qualité de l’enseignement, a-t-il jugé avant de conseiller les professeurs de se préoccuper de leurs élèves. Ces derniers deviendront par la suite attirés par les cours, ce qui les poussera à la performance.
Quant à l’implantation d’une université, force a été de constater que le projet est à mûrir. La volonté est une chose et la matérialisation en est une autre, a commenté le Directeur Provincial de l’Enseignement à Bubanza qui s’est posé une série de questions comme pour déduire que le moment ne s’y prête pas. Qui fréquentera cette université ? Qui dispensera les cours ? La province en dispose combien ? Toutefois, il a recommandé que, au cours de la conceptualisation, les filières utiles à la région soient privilégiées.
Réagissant aux différents intervenants qui ont loué le Président de l’Assemblée nationale pour son initiative d’implanter l’EPM dans sa commune natale, le Très Honorable Pascal NYABENDA a avoué avoir transformé son rêve en réalité. L’idée de voir à Mpanda une autre couleur pour l’uniforme, hormis le noir/blanc et le bleu/blanc l’a hanté depuis longtemps. Fondée en 2014, l’EPM a sorti sa première promotion en 2017 avec des résultats satisfaisants dont une bourse d’étude en Russie, a-t-il commenté avant de s’étonner de la baisse de la qualité de l’enseignement au fil du temps. Il a alors recommandé à tout un chacun de repérer un bon professeur partout il se trouverait et de lui demander les conditions qu’il exigerait pour être embauché à l’EPM. Il a aussi fait une mise au point aux parents qui pensent à tort que l’enseignement est gratuit. Le minerval est fixé à 55.000 FBU par trimestre, a-t-il tranché avant de promettre d’appuyer les lauréats qui se seraient groupés en coopératives. Pour les jeunes filles, il songe à mettre sur pied une troupe culturelle et celle des majorettes.
Les cérémonies de remise de diplômes à la 3ème promotion de l’EPM qui avaient débuté par une messe célébrée par l’Abbé Monas SURWAVUBA, Curé de la Paroisse de Muzinda, se sont poursuivies par la remise des diplômes aux 111 lauréats sous une pluie battante avant de partager un verre d’amitié.